Amazonie péruvienne - Les conséquences du coronavirus sont catastrophiques pour les peuples indigènes non seulement de manière directe mais aussi indirecte.
Le Pérou est devenu l’un des épicentres de la crise sanitaire actuelle. Il détient le triste record du taux de mortalité le plus élevé au monde ! (104 morts pour 100 000 habitants.) À fin octobre, il totalisait 890 000 cas confirmés de Covid-19 et plus de 34 000 décès.
Les peuples indigènes de la région amazonienne payent un lourd tribut. Il est encore difficile d’établir avec précision les conséquences d’une telle situation sur leur vie. Après huit mois d’urgence sanitaire, le Ministère de la santé a révélé l’existence de plus de 22 000 cas d’indigènes contaminés par le virus. Mais les données fiables manquent et les services de l’État sont débordés. Les derniers chiffres publiés par le Ministère annoncent que 33 % des personnes testées dans le Loreto – la plus grande région d’Amazonie péruvienne – sont positives au Covid-19!
Notamment en raison de leur mode de vie communautaire et de la faiblesse des services de santé sur leurs territoires, les peuples indigènes sont particulièrement exposés au risque de contamination et au manque de soins. Les postes de santé sont souvent éloignés de leur village et en manque chronique de personnel et de matériel, notamment d’équipements d’assistance respiratoire.
D’autre part, les conséquences indirectes de la crise se font également sentir. En raison de la paralysie de l’ensemble de la région et de l’isolement des villages, ceux-ci sont coupés du monde et n’ont plus accès aux aliments de base et aux produits de première nécessité. Les modes de transport habituels sont suspendus et le service de téléphonie public via satellite a récemment été désactivé après la faillite de l’opérateur. Cette situation met en péril la sécurité alimentaire des villages et favorise la désinformation et la circulation de rumeurs. Dans ce contexte, certaines communautés ont restreint l’accès à leur territoire aux personnes extérieures et d’autres se sont déplacées dans des zones encore moins accessibles.
Pris au piège par la déclaration soudaine de l’état d’urgence sanitaire, des centaines d’indigènes se sont aussi retrouvés bloqués dans les villes avec l’impossibilité de rentrer chez eux. Ils ont ainsi dû se débrouiller par eux-mêmes pour trouver de quoi se nourrir et se loger durant plus de trois mois !
Pendant cette période, Nouvelle Planète a dû adapter ses activités à ce contexte particulier. Certains projets ont été retardés, d’autres reprogrammés. Ainsi, pour aider les communautés ashéninkas du Gran Pajonal, un appui urgent a été organisé pour acheminer des vivres et du matériel médical de première nécessité jusqu’à eux.
Aurélien Stoll